Après
les années 1970 qui ont été celles de l’art conceptuel, les
années 80 ont été les années spontanées et même parfois
irréfléchies. Le hip-hop des Etats Unis s'étend sur la France ce qui provoque alors des effets de mode dans ce pays francophone. Au cours de cette date affiches, pochoirs, peintures
mais surtout graffitis remodelaient les murs parisiens. Malgré la
loi de 1979 qui limite la liberté d’afficher dans certains types
d’espaces ou de bâtiments, les artistes comme Blek le rat ne se
privent pas de peindre la totalité des murs et d'utiliser le plus
souvent des pochoirs.
Les
années 80 font référence aussi à la politique, en 1981 Francois
Mitterand est nommé président de la République. Il se tourne
davantage vers les jeunes avec l’aide du ministère de la Culture
qui avait un programme dynamique accompagnant l’initiative des
jeunes. Nonobstant à ce bon côté, les jeunes avaient encore des
messages à faire entendre et à cette époque, les messages sur les
murs avaient une connotation sociale et revendicatrice mais peu
artistique. Les murs de Paris se recouvrent de graffiti d'année en
année, les contestations des jeunes ainsi que leurs désirs d'écoute
continuant. Les revendications de Mai 68 n'étaient pas si loin, les
jeunes se sentaient encore dans une période d'existentialisme,
c'était une époque de reconstruction. Les graffeurs de 20 ans
profitaient de cette période pour recouvrir les murs gris et propres
de Paris, ces murs vierges qui évoquent un peuple muet ne plaisent
pas aux rebelles et petit à petit des artistes se donnent une image.
Durant
ces années de libération, les médias tels que les journaux
obtenaient des articles d'informations, c'était un renouvellement de
l'art, tout le monde commençait à peindre sur ces murs parisiens.
Tous voulaient peindre et montrer ce dont ils voulaient faire part,
dans la rue car les ateliers étaient trop petits, il n'y avait pas
assez de place pour les œuvres. Les pochoirs, les affiches et les
stickers se multipliaient, le street art ou art urbain battait son
comble, de plus en plus de personnes utilisaient les murs des villes
en tant que support pour leur graffiti.
A
partir des années 1983-1984, des collectionneurs ont commencé à
s'intéresser aux graffitis, suivis par les galeristes, par la suite
les œuvres pourtant primaires se vendirent à grand prix. Tout le
monde trouvaient alors un intérêt au graff, ayant un messages
contestataires ou non, et jusqu'aux années 90, les artistes
devenaient de plus en plus connus donc quelques uns ce sont senti
supérieurs, et ont été amené à gagner 90 000 franc par toile.
Mais au début des années 1990, la crise économique, la guerre du
golfe ainsi que le virus du sida ont fait redescendre les artistes et
les acheteurs de leur piédestal. A partir de ce moment là, l'art
contemporain et pas seulement le graffiti est en crise. Mais les
jeunes ne s’arrêtèrent pas de couvrir les murs de leurs graffs
car au début des années 1990 les bombes aérosols commençaient
juste à être vendues, les artistes se sentirent tout de même
puissants et Paris resta notable pour avoir connu l'âge d'or du
graffiti en France dans les années 80.